Tuli sacrée lauréat national du James Dyson Award 2020
Auxane Caseiro et Charlyne Kerjean ont mis au point une cup menstruelle visant à faciliter la vie des utilisatrices
September 17 2020
Jeudi 17 septembre à Paris, cette année, le projet sacré lauréat national du James Dyson Award 2020 pour la France est Tuli, une coupe menstruelle au design et à l’ergonomie repensés pour faciliter son utilisation. Les deux jeunes filles à l’origine de ce projet ont en effet choisi ce sujet que sont les règles. « Conscientes des nombreux problèmes liés aux règles nous voulions casser ce tabou et proposer un produit permettant de diminuer la charge mentale des femmes pendant cette période, c’est ainsi qu’est née Tuli », expliquent-elles. C’est donc porté par un projet qui leur tenait particulièrement à cœur qu’elles ont décidé de se présenter au concours.
Un sujet qui demeure tabou
Aujourd’hui encore, les menstruations restent un sujet tabou. Le sondage réalisé par Auxane et Charlyne, deux étudiantes de l’UTC (l’Université Technologique de Compiègne) auprès d’un panel de 1 344 femmes, a permis de mieux comprendre comment le sujet était perçu et quels étaient les problèmes principaux rencontrés par les femmes. 60% du panel interrogé soulignent par exemple le fait qu’aujourd’hui aucune protection hygiénique n’est réellement adaptée à l’utilisation féminine et que chaque type de protection implique également des problèmes trop souvent ignorés ou auxquels les utilisatrices ont fini par s’accommoder. Parmi les problèmes évoqués, le peu de praticité, des protections douloureuses à insérer, irritantes ou encore composées de substances chimiques toxiques qui peuvent alors représenter un risque pour les utilisatrices. En plus d’être néfastes pour la santé, certaines protections hygiéniques le sont également pour l’environnement sans compter le budget que cela représente.
Comment fonctionne Tuli ?
La cup TULI est unique puisqu’elle est la première cup menstruelle capable de prendre une forme précise lorsqu’elle est pressée. Auxane et Charlyne ont en effet pensé à intégrer des « faiblesses » afin de faciliter son pliage la rendant ainsi plus simple et intuitive à l’utilisation. Ces « faiblesses » consistent en des diminutions de matière et jouent donc le rôle de « courbe-guide » pour le pliage. Elles permettent non seulement de maintenir le pliage mais également de faciliter l’insertion et le retrait de la cup. C’est de la forme qui rappelle une tulipe, à la fois particulière et unique que la cup tire son de nom, Tuli. Quant à l’anneau – la partie supérieure de la cup – il ne comporte aucune faiblesse pour assurer un déploiement optimal une fois la cup insérée.
C’est ainsi que les deux étudiantes de l’UTC ont travaillé tout particulièrement le pliage visant à offrir un meilleur confort aux utilisatrices lors de l’insertion de la cup mais aussi lors de son déploiement et de son retrait.
En quoi Tuli est-elle différente des cups existantes ?
Tuli se différencie des cups menstruelles classiques par sa forme qui rappelle celle d’une tulipe mais également par sa taille, moins imposante que les autres cups. Lorsqu’elle est pliée Tuli offre un diamètre plus petit que celui des autres modèles. Pour les utilisatrices, c’est une facilité lors du pliage préalable à l’insertion qui s’effectue de manière plus naturelle grâce à l’inclusion des faiblesses. De plus, le déploiement imposé par l’anneau assure une protection sans fuite. Lors de la phase de retrait, il suffit de tirer sur la tige pour enlever la cup, le pré-pliage lui permettant de se replier sur elle-même et donc d’annuler l’effet ventouse. La tige peut donc véritablement servir à enlever la cup menstruelle contrairement aux modèles classiques où elle permet simplement de la retrouver.
Pour les femmes encore frileuses à l’idée de choisir une cup menstruelle comme protection hygiénique ou pour celles déjà utilisatrices de cups classiques, avec Tuli, Auxane et Charlyne espèrent les convaincre à passer le cap et à améliorer leur quotidien.
Par ailleurs, chaque femme convaincue est une avancée contre les protections jetables, nocives pour l’environnement.
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« Participer au James Dyson Award était pour nous une expérience personnelle des plus enrichissantes ayant pour but de donner de la visibilité à notre projet. Passionnées par le design industriel, le brief du concours nous plaisait tout particulièrement. En effet, notre souhait était de répondre à une problématique de la vie quotidienne à travers une solution simple et innovante. Nous étions heureuses et fières que le projet Tuli, qui nous tenait particulièrement à cœur, ait su toucher également le jury. La prochaine étape, c’est tout d’abord d'amener Tuli à la phase de sélection internationale. Ensuite, les fonds que nous avons remportés grâce à notre sélection nationale nous permettront de développer le premier prototype fonctionnel de Tuli en silicone médical afin de pouvoir le tester en situation réelle. », expliquent les deux porteuses du projet.
Pourquoi avoir soumis Tuli au James Dyson Award ?
Pour Auxane et Charlyne, l’idée de participer au James Dyson Award leur est venue assez naturellement. L’université de technologie de Compiègne compte parmi les écoles françaises qui encourage chaque année ses étudiants à participer au concours international organisé par la Fondation James Dyson. Au cours des éditions précédentes, le concours a d’ailleurs récompensé plusieurs utécéens :
- En 2019, ce sont Mathilde Blondel et Romaric Delahaie qui avaient été sacrés lauréats nationaux du James Dyson Award en France avec leur bracelet anti-agression, Eve après avoir constaté que 7 femmes sur 10 avaient déjà été suivies dans la rue.
- En 2018, Tingyun Du et Yuchen Qiu qui avaient remporté le concours à l’échelle nationale avec leur projet Bing Bin, une poubelle de tri qui compacte également les déchets automatiquement afin d’éviter les erreurs de tri humaines.
- En 2017, le jeune Félix Botella avait avec son équipe su convaincre le jury national avec EzyGain, un dispositif connecté de rééducation de la marche à destination des personnes âgées et en perte d’autonomie et qui est d’ailleurs aujourd’hui commercialisé.
Les membres du jury cette année sont :
- Fabrice Pincin, Designer, Enseignant - chercheur
- Pascal Delahaie, Directeur et Design Manager
- Marjorie Paillon, journaliste, productrice, présentatrice et speaker pour france24.fr
- Annika Molder, Artworker chez Dyson France
Ils ont notamment été marqués par le sujet choisi et reconnaissent que celui-ci n’était pas des plus faciles à aborder car encore parfois considéré comme tabou. C’est aussi la maturité de réflexion des deux étudiantes, leur processus de conception ainsi que leur démarche pour mettre en avant ce thème via leur projet qui leur a valu d’être élu projet lauréat national du JDA 2020.
Les finalistes
M-101
Dorian Etienne, Manon Baste Alexandre Chotteau, Anton Blondeau et Julie Tarrade de l’Ecole Boulle
Face à la crise sanitaire liée au Covid-19, la demande mondiale en termes de moyens de protection « barrières » a explosée. Qu’il soit chirurgical ou en tissu réutilisable, le masque est devenu un accessoire indispensable de notre quotidien. Cependant, le masque chirurgical jetable conçu pour protéger contre les gouttelettes contaminantes, est le plus utilisé et n’est pas écologique. Les masques professionnels, eux, sont peu anatomiques car ils ne proposent que trois tailles. Ils sont souvent très volumineux et ne sont pas adaptés au port sur une journée complète d’autant plus qu’il faut assembler les différentes parties pour son utilisation. Le groupe d’étudiant de l’Ecole Boulle a donc mis au point M-101, un masque adaptable à chaque profession par sa modularité. Il comprend une large gamme d'accessoires de protection qui se clipsent facilement sur son cadre. Il s’agit d’une solution évolutive et adaptée pour les entreprises ayant besoin d’être équipées selon leur secteur d’activité.
InEurope
Mitja Behnke, STRATE
Pour son mémoire de fin d’étude, Mitja choisit le sujet de la solidarité. Il s’intéresse plus particulièrement à l'équilibre entre l’autonomie et la solidarité, à l'échelle des individus, des communautés et des États. De sa réflexion pour trouver une meilleure solution pour être respectueux à la fois des autorités de contrôle des frontières, des Etats et des demandeurs d'asile, il développe InEurope, un service d'accueil et d'orientation des demandeurs d'asile aux frontières européennes. Déployé aux entrées légales du territoire, ce site a pour but d'anticiper l'intégration tout en offrant un cadre pour une meilleure coopération européenne.